Navigieren in Biel

Centre de retour de Bienne-Boujean: le Canton empêche de mener un dialogue constructif

C’est avec stupeur que les autorités biennoises ont pris connaissance du communiqué de presse de ce matin de la Direction de la sécurité (DSE) du Canton de Berne à propos du centre de retour de Bienne-Boujean. D’une part, les explications fournies par la DSE sont ambiguës; d’autre part, la Ville de Bienne ne comprend pas pourquoi cette communication intervient juste avant une séance qui devait réunir le directeur de la sécurité Philippe Müller et une représentation du Conseil municipal biennois.

Lors de sa séance du 25 août 2021 déjà, le Conseil municipal biennois avait tiré le constat que le centre de retour de Bienne-Boujean ne pouvait plus être exploité à long terme pour des raisons liées au droit des constructions et de l’aménagement (les conteneurs se trouvent dans une zone de travail et non dans une zone d’habitation). Utiliser ces baraquements à des fins d’hébergement à cet endroit n’est pas acceptable à long terme, même pour des requérantes et requérants d’asile déboutés. Vu que la DSE avait omis de rechercher et de mettre à disposition en temps opportun une solution de rechange acceptable, le Conseil municipal avait décidé de bonne grâce de prolonger une dernière fois jusqu’au 31 juillet 2022 l’autorisation arrivée à échéance le 31 octobre dernier. Cette mesure devait notamment permettre d’éviter que des enfants soient obligés de changer de lieu d’hébergement en pleine année scolaire. Parallèlement à sa décision, il avait alors clairement exhorté la DSE de se mettre instamment et sérieusement à la recherche de solutions de rechange appropriées et tout particulièrement de logements adéquats pour les familles avec enfants, une exigence qu’il avait d’ailleurs déjà formulée par le passé. Il avait ainsi demandé à la DSE de s’engager sérieusement pour améliorer les conditions de vie de ces personnes en marge de la société, d’autant plus qu’elle devait bien être consciente qu’une grande partie de ces personnes ne pouvaient ni quitter la Suisse ni être expulsées, quand bien même elles étaient actuellement hébergées dans un centre de retour.

Du point de vue formel, le Conseil municipal avait refusé le 25 août 2021 d’octroyer une «dérogation» au sens du droit des constructions, pour laquelle il était compétent, car cela n’était pas admissible d’un point de vue juridique. La décision du 22 novembre 2021 mentionnée par la DSE avait pour unique but d’achever la procédure globale sous l’angle du permis de construire sans nouveaux éléments matériels.

Cet après-midi, une séance à laquelle le conseiller d’État Philippe Müller était invité devait avoir lieu avec deux représentants du Conseil municipal biennois. Suite à la publication du communiqué de presse du Canton de Berne, les représentants de la Ville de Bienne ont annulé leur participation à cette séance, car ils estiment absolument inacceptable, dans le cadre de la coopération entre le Canton et les communes, que la DSE communique unilatéralement sur un sujet aussi sensible quelques heures à peine avant la rencontre prévue. Sur cette base, une collaboration constructive entre les autorités cantonales et communales, comme la population cantonale est en droit de l’attendre, n’est pas possible, ce que déplore fortement la Ville de Bienne. Celle-ci juge inacceptable que la DSE utilise ces personnes en marge de la société pour mettre la pression sur la Ville de Bienne plutôt que de rechercher une solution durable et décente, comme c’était son devoir de le faire depuis au moins l’été dernier.