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Pourquoi le saint Nicolas biennois est toujours un peu en retard

À Bienne, saint Nicolas fait sa grande apparition seulement le deuxième mardi du mois de décembre. Et ce contrairement au reste de la Suisse, où il se montre le 6 décembre. D’où vient cette tradition biennoise ? Voici son histoire.

Saint-Nicolas et Schmutzli se promènent avec un âne dans la Vieille ville de Bienne
Le saint Nicolas et le père Fouettard en Vieille Ville de Bienne (Droits d'auteur : Guilde de la Vieille Ville de Bienne)

L’ouvrage « Stadtgeschichtliche Lexikon » fournit les informations suivantes (traduction libre) :

« Durant l’occupation française de Bienne [en 1806], huit marchés annuels avaient lieu, toujours le jeudi. Cette coutume perdure aujourd’hui encore. Comme deux marchés annuels se déroulaient en décembre (dont l’un durant la première moitié du mois), le marché de la Saint-Nicolas, que l’on ne connaissait pas auparavant à Bienne, a été déplacé arbitrairement pour coïncider avec un jour de marché hebdomadaire ordinaire, à savoir celui du mardi suivant la Saint-Nicolas (le 6 décembre). Nidau a aussi suivi cette règle. »

Histoire de la Saint-Nicolas biennoise et légendes concernant cette date

Le journal « Tagblatt der Stadt Biel » atteste de la présence du marché de la Saint-Nicolas en 1890 à Bienne et à Nidau. À cette époque, ce marché faisait toutefois probablement déjà partie des traditions dans ces deux communes. À Bienne, il avait lieu sur la place du Bourg. Durant la journée, il attirait surtout des mères et leurs enfants, qui y achetaient du pain d’épice, des bonshommes en pâte et d’autres friandises. Le soir, une « jeunesse cabocharde » et agitée y prenait bruyamment ses quartiers (« Bieler Tagblatt » 12.12.1907). Conséquence : le marché de la Saint-Nicolas fut momentanément supprimé. On peut notamment lire dans les Annales biennoises qu’en 1909, une pétition demanda la réintroduction du marché de la Saint-Nicolas annulé par les autorités. Grâce aux efforts de l’association de protection du patrimoine, le marché de la Saint-Nicolas reprit en 1912, organisé cette fois sur la place du Marché-Neuf. Après la 2e guerre mondiale, il fut accompagné de musique et même d’un cortège dans les années 1970.

La guilde du carnaval de Bienne organisait parfois le marché de la Saint-Nicolas, mais la plupart du temps, c’est la guilde de la Vieille Ville de Bienne, fondée en 1915, qui s’en chargeait. Dès 2014 toutefois, la concurrence du marché de Noël de la rue de Nidau devint trop grande, si bien que le marché de la Saint-Nicolas en Vieille Ville n’eut plus lieu. Mais cela changea ensuite à nouveau : désormais, le saint Nicolas fait parfois son apparition en Vieille Ville le deuxième mardi du mois de décembre.

De nombreuses légendes existent concernant la date spéciale du jour de la Saint-Nicolas à Bienne. Elles sont plus tenaces que les faits historiques. En voici quelques exemples :

La date de la Saint-Nicolas biennoise n’a absolument rien à voir avec l’incendie de 1367. D’une part, cet incendie eut lieu début novembre, et, d’autre part, la Saint-Nicolas n’avait à l’époque pas d’importance dans la vie laïque. Selon une autre légende, un incendie éclata un 6 décembre dans la commune voisine de Nidau. Les gens de Bienne étant allés prêter main forte à la population de Nidau, ils ne purent pas fêter la Saint-Nicolas ce jour-là. Toutefois, ce n’est pas non plus cet événement qui explique la date de la Saint-Nicolas biennoise. De même, il est totalement absurde de penser qu’un évêque de Bâle apparut un jour en tant que saint Nicolas apportant des dons, mais que comme il ne pouvait pas le faire en même temps à Bâle et à Bienne, une autre date fut choisie à Bienne. S’il est effectivement venu, c’était en tant que souverain pour qu’on lui rende hommage.

D’après un texte de Margrit Wick-Werder, historienne